jeudi 15 juin 2017

La Transju'Trail 72 km 2/2

Il fait beau à présent mais dans cette longue partie en sous-bois je ne peux malheureusement pas profiter de jolis points de vue pour me rincer l’œil‭…‬ L‭’‬horloge tourne et malgré ma faible allure j‭’‬arrive au ravitaillement de Prémanon à‭ ‬13h.‭ ‬Je fais un arrêt assez long vu que j‭’‬ai rattrapé un peu de mon retard.‭ ‬Je quitte veste et gants trempés et refait le plein d‭’‬eau pensant que le soleil est bien décidé à briller pour le reste de la journée‭…‬ Magic System dans les oreilles,‭ ‬je repars gonflée à bloc je suis au‭ ‬47e km ‭! ‬Encore un message qui me requinque,‭ ‬Cindy m‭’‬encourage aussi et je me sens pousser des ailes‭ (‬des petites oui,‭ ‬mais des ailes quand même ‭!)‬.‭ ‬
On s‭’‬approche‭ ‬gentiment‭ ‬du pied de la Dole,‭ ‬le point culminant du parcours.‭ ‬Cela monte en pente faible toujours en sous-bois,‭ ‬puis on traverse des Alpage où je peux apprécier un peu de verdure et‭ ‬la compagnie des vaches.‭ ‬Là,‭ ‬les choses se gâtent avec une méchante ascension à découvert sur une piste de ski le long‭ ‬d‭’‬une télécabine.‭ ‬Cela me rappelle l‭’‬ascension de la Flégère au marathon du Mont Blanc.‭ ‬Me voilà enfin aux Dappes,‭ ‬au pied de la Dole ‭! ‬Dernière barrière horaire passée,‭ ‬maintenant je sais qu‭’‬il ne dépend plus que de moi d‭’‬aller au bout ‭!

Ma montre me lâche dès les premiers mètres de la montée.‭ ‬9h de course sont passées,‭ ‬plus de batterie ‭! ‬J‭’‬imagine que Quentin est proche de l‭’‬arrivée.‭ ‬Je monte à mon rythme et rattrape même quelques concurrents.‭ ‬Le temps se gâte et le vent se lève,‭ ‬je décide de remettre la veste.‭ ‬Imaginez enfiler un jean à la sortie de la machine à laver et bien là,‭ ‬même effet‭! ‬Bien sûr je l‭’‬avais foutue en boule dans mon sac donc faut déjà la remettre sur l‭’‬endroit ‭! ‬Encore trempée,‭ ‬ça colle,‭ ‬je n‭’‬arrive pas à l‭’‬enfiler,‭ ‬c‭’‬est froid,‭ ‬bref me revoilà à pester toute seule ‭! ‬J‭’‬abandonne les gants,‭ ‬vous avez déjà essayé de remettre des gants mouillés à l‭’‬endroit ‭?! ‬Le temps que j‭’‬y parvienne,‭ ‬je serai déjà rentrée à Valence ‭! ‬Après cette pause vestimentaire,‭ ‬je reçois un appel de Quentin.‭ ‬Il a fini‭ (‬la chance ‭!) ‬et m‭’‬annonce une superbe vue en haut de la Dole pour me motiver‭…‬ Je lève la tête et pour l‭’‬instant j‭’‬ai peu d‭’‬espoir,‭ ‬je distingue à peine le gars devant moi tellement il y a du brouillard ‭!

Donc pour la beauté du paysage,‭ ‬vous m‭’‬excuserez,‭ ‬mais vous repasserez,‭ ‬moi je n‭’‬ai rien vu ‭! ‬Enfin,‭ ‬je parviens quand même à atteindre le sommet.‭ ‬Il n‭’‬y a pas un chat‭ (‬çà me direz-vous c‭’‬est logique à‭ ‬1700m d‭’‬altitude ‭!)‬,‭ ‬pas un spectateur,‭ ‬pas un signaleur,‭ ‬pas un bouquetin,‭ ‬non personne à par moi,‭ ‬et j‭’‬imagine les quelques concurrents doublés dans la montée qui ne doivent pas être loin derrière‭ ! ‬D‭’‬après mon profil je sais que le sommet de la Dole est au‭ ‬60e km donc je tiens le bon bout ‭!‬ La descente est un parcours du combattant,‭ ‬les pierres mouillées ne permettent pas des appuis bien stables,‭ ‬manquerait plus que je me blesse au milieu de nulle part,‭ ‬mourir là toute seule dans le froid et le brouillard non quand même ce n‭’‬est pas drôle ‭!
Je décide de rappeler Quentin,‭ ‬bien sûr lors du seul moment de la course où on est en Suisse ‭!! ‬Et Bim‭ ‬350‭ ‬€‭ ‬ça fait cher l‭’‬appel pour s‭’‬entendre dire si ça va pas,‭ ‬tu arrêtes‭…‬ Non mais de toute façon je suis bien obligée d‭’‬avancer vu que je me trouve dans un no man‭’‬s land.‭
J‭’‬attaque la dernière difficulté,‭ ‬le col‭ ‬de Porte que je trouve bien plus dur que la Dole et avec ce brouillard de plus en plus épais,‭ ‬je me demande si je ne vais pas finir par me perdre.‭ ‬J‭’‬arrive finalement à me hisser au sommet.‭ ‬Désormais toutes mes batteries sont à plat,‭ ‬plus de montre,‭ ‬plus de téléphone,‭ ‬plus de musique et surtout plus de jambes ‭! ‬Je me console en me disant que la fin est proche‭ (‬la fin de la course hein pas la fin tout court,‭ ‬je ne suis pas désespérée à ce point tout de même ‭!)‬.‭ ‬La descente est sinueuse,‭ ‬glissante et pénible ‭! ‬Le dernier ravito se pointe devant moi.‭ ‬On nous indique encore‭ ‬7‭ ‬km.‭ ‬J‭’‬avale un bouillon de légumes pour me réchauffer.‭ ‬Je tente un bout de Comté,‭ ‬non rien à faire,‭ ‬ça ne veut pas ‭! ‬Alors tant pis,‭ ‬je repars‭ ‬!

La fin de parcours est vallonnée,‭ ‬je réussis à rattraper quelques concurrents.‭ ‬Nous sommes déjà proche des Rousses mais je ne reconnais rien ‭! ‬On nous fait passer dans une rivière histoire de bien laver les pompes et ne pas arriver trop boueux sur la ligne ‭!

Ça n‭’‬en finit pas‭ ‬! Et là,‭ ‬sur une large piste,‭ ‬que vois-je devant moi ‭?! ‬Un maillot bleu familier,‭ ‬c‭’‬est mon Alain ‭! ‬Incroyable ‭! ‬Il doit nous rester à peine‭ ‬5‭ ‬km mais on va finir ensemble ‭! ‬Cela nous redonne un peu‭ ‬d’énergie à tous les deux ‭!‬ En‭ ‬discutant,‭ ‬on se‭ ‬rend compte qu‭’‬on n’était finalement pas très loin l‭’‬un de l‭’‬autre pendant toute la‭ ‬course‭ ‬(si je n‭’‬avais pas fait ce début de course minable,‭ ‬peut-être qu‭’‬on aurait pu courir ensemble‭…‬).

Et nous voilà au fort des Rousses,‭ ‬l‭’‬arrivée est toute proche.‭ ‬Des spectateurs nous annoncent‭ ‬500‭ ‬m ‭! ‬500‭ ‬m vous êtes surs ‭??! ‬Car attention à ce stade‭ ‬de la course,‭ ‬on est très pointilleux sur les mètres ‭!!

Oui ils ont raison,‭ ‬dernière descente et on voit Philippe T et Quentin,‭ ‬ils alertent‭ ‬tout le groupe des copains qui‭ ‬nous attendent au pied de l‭’‬arche et se mettent à crier et à nous faire signe ‭!
Attention,‭ ‬petite séquence émotion,‭ ‬je suis toute émue de les voir ‭! ‬Dernières foulées dans les rues de la station et nous franchissons la ligne sous les acclamations du JCP et du speaker ‭!
Eh bien voilà,‭ ‬je suis,‭ ‬nous sommes,‭ ‬finishers de la Transju‭’‬trail ‭! ‬Je ne donnais pas cher de ma peau au‭ ‬5e km mais contre toute attente,‭ ‬je suis allée au bout ‭! ‬12h04,‭ ‬dans le temps que je m’étais fixé alors que je croyais avoir explosé mon objectif tant je n‭’‬avais aucune notion de l‭’‬heure qu‭’‬il était ‭!

C‭’‬est‭ ‬incroyable comme une fois passé la ligne,‭ ‬on oublie tout,‭ ‬la souffrance,‭ ‬les jambes en coton,‭ ‬les maux de ventre,‭ ‬la pluie,‭ ‬la boue,‭ ‬les chutes‭…‬ Ne reste que la fierté et la joie ‭!

Un grand merci pour tous vos encouragements,‭ ‬vos message de soutien,‭ ‬l‭’‬accueil à l‭’‬arrivée,‭ ‬les mots de réconfort,‭ ‬les accolades et les bisous magiques.‭ ‬Une mention particulière à ma Maman et Sabine,‭ ‬pour les coups de boost par téléphone qui tombaient toujours à pic,‭ ‬à Quentin bien sûr pour supporter au quotidien une petite coureuse qui tente de devenir ultratraileuse avec tout le package de doutes et de remise en question qui va avec,‭ ‬et aussi à Magic System parce que y‭’‬a pas à dire,‭ ‬quand tu es au plus bas,‭ ‬ben un coup de‭ «‬ Let the Magic in the air ‭»‬ et‭ ‬ça repart

BRAVO A TOUTES ET A TOUS,‭ ‬encore un superbe moment avec vous‭ ‬!!
Jennifer

4 commentaires:

  1. Un très beau récit Jenni ! Encore félicitations pour cette super course dans des conditions plus que difficiles.
    Morgane

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  2. Merci à tous pour les messages sur FB et ici ! :)

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  3. super recit avec toujours une petite pointe d'humour, tu es une super traileuse .encore bravo

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  4. bravo Jenni pour ce récit !je tenais à te féliciter pour avoir réussi ce défi. chapeau bas et bravo encore à tous les finishers!!!

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