mardi 13 juin 2017

Mon premier maratrail 2/2

C’est à‭ ‬2‭ ‬km du ravito,‭ ‬que je me retrouve sans eau,‭ ‬et sous cette chaleur,‭ ‬ce n’est vraiment pas bon.‭ ‬Sans eau,‭ ‬je ne peux pas faire passer mon alimentation.‭ ‬Je décide donc de lever légèrement le pied,‭ ‬je sens mes réserves d’énergies bien entamées,‭ ‬et je ne veux pas prendre le risque de me griller,‭ ‬alors que tout allait bien jusque là.‭

C’est avec soulagement,‭ ‬mais le ventre un peu creux que j’y arrive.‭ ‬Retrouver les copains fait un bien fou au moral, leurs encouragements et leur bienveillance,‭ ‬me redonnent de l’énergie.‭ ‬Un peu d’eau à la fontaine,‭ ‬je rentre dans le gymnase ou j’y retrouve Thierry.‭ ‬Il y fait une chaleur étouffante,‭ ‬et je sens tout de suite que cela ne va pas le faire.‭ ‬Nous nous asseyons tous les deux,‭ ‬mais cela ne va pas,‭ ‬impossible d’avaler quoi que ce soit,‭ ‬cela ne passe pas.‭ ‬Je m’assois,‭ ‬je me lève,‭ ‬bref,‭ ‬je ne tiens pas en place,‭ ‬parce que je ne me sens pas bien du tout.‭ ‬Je décide de sortir,‭ ‬le sauna après quasiment de‭ ‬5‭ ‬heure de courses, ce n’est pas la meilleure des idées.‭ ‬Dehors,‭ ‬je retrouverai Sandrine et Delphine,‭ ‬en pleine forme.‭ ‬Sabine est déjà loin devant,‭ ‬au taquet.‭ ‬Respect.‭ ‬Je vais malgré tout arriver à m’alimenter ‬et une fois tous les niveaux refaits, c’est avec Thierry‭ ‬que nous attaquons le deuxième morceau de la journée.‭ Je sais que c’est là ‬que je vais voir ce que je vaux vraiment.‭ ‬En effet la chaleur est accablante,‭ ‬et la montée va être très longue.‭ ‬Nous allons reprendre‭ ‬9‭ ‬km de montée et plus de‭ ‬1100‭ ‬m de dénivelé.‭

La première partie se fait sur une route bitumée,‭ ‬mais je me dis que chaque kilomètre parcouru me rapproche du sommet et de mon objectif.‭ ‬Nous rentrons enfin dans un sous bois, et là cela commence à ‭monter vraiment sévère.‭ ‬C’est à ce moment que j’enclenche dans ma tête le mode veille:‭ ‬On débranche tout,‭ ‬et l’on se concentre uniquement sur le prochain pas.‭ ‬Thierry est devant moi,‭ ‬nous sommes au sein d’un groupe d’une dizaine de coureurs,et à cet instant,‭ ‬personne ne parle, chacun est concentré sur son effort.‭ ‬Déjà les premières défaillances,‭ ‬certains coureurs s’arrêtent car en sur-régime.‭ ‬Un coup d’œil pour savoir si tout va bien,et on continue,‭ ‬surtout ne pas t’arrêter,‭ ‬avancer,‭ ‬lentement mais avancer quand même.‭ ‬Alors que nous progressons sur un rythme régulier,‭ ‬j’entends Thierry,‭ ‬me dire‭ «‬ Surtout ne lève pas la tête ‭»‬.‭ Premier réflexe évidemment,‭ ‬je la lève et là devant nous un passage vraiment raide,‭ ‬dont je ne vois pas le bout.‭ ‬Ayant creusé,‭ ‬un écart avec notre groupe,‭ ‬je demande à Thierry,‭ ‬juste une minute.‭ ‬Le temps de boire une gorgée,‭ ‬et de plonger un peu plus en moi,‭ ‬afin de n’avoir qu’une seule chose à l’esprit :‭ ‬Avancer.

Malgré les cuisses qui tirent,‭ ‬les mollets qui piquent,‭ ‬j’avance, tête baissée,‭ ‬mon regard fixé sur le chemin.‭ ‬Je m’hydrate toutes les deux minutes ‬et je mange tout aussi régulièrement.‭ ‬Je sens que mon corps est à fond.‭ Je croise de plus en plus de coureurs,‭ ‬à l’arrêt sur le coté,‭ ‬la tête dans les mains,‭ ‬tiens cela me rappelle un souvenir ‭...

Nous arrivons finalement sur un replat et‭ ‬une descente nous amène à un point d’eau,‭ ‬salvateur.‭ ‬Mes réserves liquides sont bien entamés.‭ ‬Initialement il ne devait pas y être,‭ ‬mais la chaleur prévue depuis quelques jours a incité les organisateurs à positionner ce point d’eau.‭ Cependant,‭ ‬pour permettre à tous de boire,‭ ‬nous serons rationnés,‭ ‬et je ne pourrai remplir mon camelbak qu’au trois quart.‭ ‬Je repars toujours accompagné de Thierry,‭ ‬direction le Mont Baron,‭ ‬point culminant de la course.‭ La pause m‭’‬a fait du bien,et c’est avec la volonté de finir que je repars.‭
‬C’est à ce moment là après‭ ‬33‭ ‬km de course et‭ ‬2250‭ ‬M de dénivelé que ma montre m’a lâché‭ «‬ Batterie Faible ‭»‬, Et moi alors,‭ ‬je ne suis pas en batterie faible‭…
‬Sans vouloir me la jouer trailer pro,‭ ‬mais l’absence de référence de distance et de dénivelé,‭ ‬va me manquer.‭ ‬Mine de rien,‭ ‬cela commence à peser dans les cuisses.

Les derniers mètres pour atteindre le Mont Baron sont‭  ‬absolument magiques.‭ ‬Nous longeons une barrière métallique à flanc de montagne,‭ ‬avec une vue sur le lac d’Annecy à couper le souffle‭ (‬déjà que j’en avais plus beaucoup‭)‬,‭ ‬c’est l’apothéose de cette course.‭
Pas trop le temps de s’attarder,‭ ‬il y a quand même une course à finir.‭ ‬Alors que l’on commence la descente,‭ ‬ou l’on se dit que c’est bon,‭ ‬on tient le bon bout,‭ ‬il y a en fait,‭ ‬comment dire,‭ ‬un deuxième effet KISS COOL,‭ ‬avec une dernière montée jusqu’au mont Veyrier,qui n’est pas piquée des vers.‭ ‬Là inutile de vous dire ‬que c’est comme un‭ ‬14‭ ‬juillet à la Tour Eiffel,‭ ‬cela explose un peu de partout.‭ ‬Cette sournoise dernière montée,alors que tout le monde pensaient descendre définitivement,‭ ‬va faire beaucoup de dégât.‭

Pourtant,‭ ‬nous la passons,‭ ‬et enfin nous plongeons dans cette descente finale.‭ ‬N’ayant jamais couru aussi longtemps,‭ ‬mon corps commence à demander que tout cela s’arrête.‭ ‬Quant vous en êtes à quasiment‭ ‬9‭ ‬H de course,‭ ‬je vous assure que même les descentes sont difficiles.‭ ‬J’ai frôlé l’entorse à‭ ‬2‭ ‬km de l’arrivé,‭ ‬je ne sais pas par quel miracle ma cheville est revenue,‭ ‬mais c’était pour mieux chuter un peu plus loin,‭ ‬et exploser mon bâton sur le bras de Thierry‭ (‬encore désolé ‭)‬,‭ ‬qui s’en sortira avec une belle bosse sur l’avant bras.‭

Les derniers hectomètres,le voila enfin ce ponton,‭ ‬j’en ai tellement rêvé en préparant cette course,‭ ‬mais si Thierry a repris des forces,‭ ‬moi n’ayant plus d’eau depuis un bon moment,‭ ‬je suis complétement sec,‭ ‬je n’y arrive plus,‭ ‬mes jambes refusent d’avancer‭ ‬.‭ ‬C’est en marchant que je rejoint la dernière ligne droite.‭ ‬Thierry m’incite à relancer,‭ ‬les copains sont tous là,‭ ‬il faut que cela reparte.‭ ‬J’y met le peu d’énergie qui me reste,‭ ‬mais je me remets à courir,‭ ‬le dernier virage, ça y est,‭ ‬je la vois cette ligne d’arrivée,‭ ‬je profite encore de ces derniers mètres,‭ ‬ou je prends conscience que oui,‭ ‬je l’ai fait et je ne suis pas peu fier. C’est en se congratulant que je franchirai avec Thierry,et après‭ ‬9h23‭ ‬de course cette fameuse ligne d’arrivée.
Voilà,‭ ‬cet objectif tant rêvé,‭ ‬a été atteint.‭ ‬Ce week-end fut absolument merveilleux,‭ ‬merci à Laurent pour ces ballades d’avant course afin‭ ‬de nous faire découvrir ce super coin,‭ ‬merci à nos accompagnants,‭ ‬qui ont mangé de la course‭ à ‬pied à toutes les sauces,‭ ‬matin midi et soir,‭ ‬vos encouragements furent précieux.‭ ‬Et enfin un immense à bravo à tous les copains,‭ ‬pour vos performances.‭ ‬Je suis vraiment fier de faire partie de cette belle équipe.‭ 

Une pensée amicale pour tous les coureurs de la Transju trail et leur résultat,‭ ‬ainsi qu’à tous les membres du JCP.
Ludo


PS: pour les retardataires, pensez à vous inscrire pour les 10 ans du club de ce samedi.

3 commentaires:

  1. Bravo Ludo pour ce récit bien détaillé qui permet de sentir les différentes émotions que l'ont peux rencontrer dans la course.
    Bravo pour ta performance car c'est toujours délicat de prendre le départ, pour la première fois, d'une épreuve plus longue et avec plus de dénivelé que d'habitude.
    Félicitation à tous les JCPiens "d'Annecy"

    RépondreSupprimer
  2. Un grand bravo à vous tous.
    Félicitation pour ta course et pour ton récit.
    Chaque course est une aventure, plus la course est longue, plus l'aventure est forte. Tu viens d'ouvrir une porte vers de très grandes aventures...

    RépondreSupprimer
  3. Bravo pour cette superbe aventure et cette belle et dure course . C'est incroyable ce que le corps peut fournir pendant des efforts qui sont sur humain! !toutes mes félicitations a toi et tous les jcp qui ont fait cette belle et dure course :-) vous êtes des championnes et champions !
    Très beaux récits de vous tous

    RépondreSupprimer

Après avoir écrit votre commentaire, allez dans le menu déroulant et choisissez nom/url. Renseignez dans nom, ne rien marquer dans url. Aperçu si vous le souhaitez et pour finir publier.
Pour les utilisateurs d'iPad ou d'iPhone, vous faites pareil, normalement ça marche maintenant.
Vous pouvez également répondre au commentaire précédent, c'est la même procédure.
J'ai oublié le plus important, n'hésitez pas à laisser des commentaires, le blog n'en sera que plus vivant.
Merci à vous !